jeudi 24 février 2011

Quand tu aimes...

Je ne sais pas comment ça m’est revenu. Mais l’autre jour je me suis souvenue d’une petite phrase. Surgie de nulle part, ou du tréfonds de ma mémoire : « quand tu aimes, il faut partir ».


J’ai d’abord cru à des paroles de chanson. Lavilliers peut être ? Alors, comme google est mon ami, j’ai tapé « quand tu aimes, il fait partir » et là m’est apparu le poème de Cendrars que je vous retranscrit plus bas.

Curieuse impression que de relire ces mots en les ayant en tête avant que mes yeux ne les déchiffrent. J’ai dû apprendre ce poème. Il y a longtemps, si longtemps, trop longtemps qu’il s’est enfouis dans un coin de ma tête et pour une obscure raison, il a resurgit aujourd’hui, comme un diable de sa boite…

Alors, à ceux qui aiment, à ceux qui partent…

À demain, à la route qui va m’éloigner d’ici quelque temps…



Quand tu aimes il faut partir
Quitte ta femme quitte ton enfant
Quitte ton ami quitte ton amie
Quitte ton amante quitte ton amant
Quand tu aimes il faut partir

Le monde est plein de nègres et de négresses
Des femmes des hommes des hommes des femmes
Regarde les beaux magasins
Ce fiacre cet homme cette femme ce fiacre
Et toutes les belles marchandises
II y a l'air il y a le vent
Les montagnes l'eau le ciel la terre
Les enfants les animaux
Les plantes et le charbon de terre

Apprends à vendre à acheter à revendre
Donne prends donne prends

Quand tu aimes il faut savoir
Chanter courir manger boire
Siffler
Et apprendre à travailler

Quand tu aimes il faut partir
Ne larmoie pas en souriant
Ne te niche pas entre deux seins
Respire marche pars va-t'en

Je prends mon bain et je regarde
Je vois la bouche que je connais
La main la jambe l'œil
Je prends mon bain et je regarde

Le monde entier est toujours là
La vie pleine de choses surprenantes
Je sors de la pharmacie
Je descends juste de la bascule
Je pèse mes 80 kilos
Je t'aime

Blaise Cendrars, Feuilles de route, 1924

mercredi 16 février 2011

La vente directe… directement ailleurs

L’autre jour, une copine d’école m’a « invitée » à une vente qu’elle organisait chez elle. Elle m’explique qu’elle se lance dans une nouvelle activité et qu’elle commercialise des vêtements femme et enfants chez elle, en vente directe.

J’ai toujours eu en horreur le principe des réuinons Tupperware, le truc « trop sympas où on se retrouve entre filles à manipuler des récipients en plastique et à s’extasier sur leur grande utilité… » mais comme c’est une « copine » et qu’elle débute, et que je n’ai rien de prévu ce jour là, et comme « ça n’engage à rien », et comme il m’arrive d’être « trop gentille » (pour compenser les fois où je suis « trop méchante », j’ai dit ok, je viendrais…

Bien sûr, le jour venu, l’heure arrivée, je n’ai pas la moindre envie d’y aller. En plus il pleut.

Allez, j’y reste une heure, et je me casse…

Et puis ce sera peut être sympas si elle a « invité » plein de monde…

Et puis au pire un café, trois sourires de pub de dentifrice, quatre mots gentils…

Et puis si ça se trouve je trouverai des trucs sympas… au moins pour les enfants… ils ont toujours besoin de quelque chose…

J’ai réussi à arriver presque à l’heure au rendez vous… Oui, j’ai la fâcheuse tendance à procrastiner ce que je n’ai pas envie de faire, ce qui fait que je suis systématiquement en retard, et ce indépendamment de ma volonté, aux rendez vous qui me gonflent.

J’arrive dans un salon encombré de deux portants de fringues, à une table couverte de catalogues trois nanas sont installées Ma copine est fébrile, une vendeuse type Barbie-Cougar, peinturlurée, mal recrépie, refaite à la truelle se présente comme étant la représentante de la marque de fringues…

La « réunion » commence… Historique, présentation des créateurs « trop mignons : ils sont tombés amoureux, et il lui a offert une société pour leur mariage », « son frère leur a dessiné leur logo : cela représente l’endroit où ils se sont rencontrés… trop mignon, non ? » –ou trop « cucul » ? Barbie-C est en représentation : « … et vous madame, vous avez des enfants ? » oui, deux… « Des garçons, des filles ? » garçons… Mais elle n’écoute pas vraiment ma réponse, elle est déjà passé à la suivante… Les minutes s’écoulent lentement. Il n’y a pas de pendule dans la pièce… Alors pour ne pas fixer ma montre trop souvent, je compte. Je compte les secondes, je compte les cintres, je compte les dessins du tapis… Tiens elle a un masque africain ? C’est curieux…

« Et vous madame, quel âge ont vos enfants ? » Barbie-Cougar m’a tirée de ma rêverie. Elle brandit sous mon nez un pantalon qui pourrait être un jean, et une chemisette verte…

- Heu, cinq et six…

- Ha vous avez des jumeaux.

- Bin non, cinq et six …

- Ha j’avais compris que vous en aviez trois… Vous avez une fille et un garçon ?

- Bin, non, toujours deux garçons…

Elle m’énerve. Je n’ai pas envie de faire l’effort d’être joviale.

Une heure plus tard, elle a brandit sous notre nez toutes les combinaisons de cintres possibles… Des fois que l’on n’ait pas l’idée d’associer un haut avec un bas… Des fois que l’on pense que… ou plutôt que l’on ne pense rien…. Chaque nouvelle pièce est présentée et ponctuée d’un « c’est trop mignon ? N’est ce pas ? »

Enfin, nous sommes invitées à nous approcher, et à ne pas hésiter à essayer…

Pour ma part, je m’approche du mari de ma copine : « tu m’offres un café ? » Bien sûr !

Il a l’œil amusé du mec qui connaissant sa femme sait à quel point Barbie-Cougar la gonfle, et à quel point elle prend sur elle…

Je fini par m’approcher du portant enfant… Il faut que j’essaye de trouver quelque chose de pas « trop mignon » qui correspondent aux besoins de mes enfants. Évidemment Barbie-Cougar me saute dessus : « c’est mignon non ? » ouais, ouais… --fiches moi la paix, le syndrome de la peur-panique de la vendeuse, tu connais ?... Puis sur le ton de la confidence, elle me glisse un ton plus bas : « Machine, c’est votre copine, non ? »

- Heu oui…

- Vous savez, elle démarre là..

- …

- Il faut lui donner un coup de pouce…

- … ?

J’écarquille les yeux, est-elle en train de me dire, ce que je crois avoir compris ?

Mais déjà elle s’est tournée vers une autre dame qui a pris un petit débardeur et essaye de lui fourguer le reste de la tenue… Des fois qu’elle ait froid ! Ou chaud, ou peu importe…

J’en ai marre… Je voudrais partir de cette ambiance qui m’étouffe…. Où est la sortie « sans achats » ?

La fille au débardeur a fait son chèque : 27€ le débardeur de base… ça fait cher le café… Barbie-Cougar la cramponne comme elle se dirige vers la porte : « Alors, vous avez accordé la date avec votre amie ? vous organisez la prochaine réunion ? » La fille n’avait pas prévu ça du tout, ses yeux s’arrondissent : « heuuu… » « Mais si insiste Barbie-C : vous invitez comme ça cinq ou six copines, c’est sympas… et vous aurez des bons d’achats… » La fille s’esquive, elle va y réfléchir, ou pas.

Il faut que je me tire de là… Il faut que je sorte… J’envoie discrètement un SMS à MonMari… « Appelle-moi d’urgence »… Mais monsieur n’est pas scotché à son portable… Je parcours mon carnet d’adresses…. A qui demander un coup de fil d’urgence ? Bingo !

« Ha oui ? Oh flûte, Mince, Crotte… Il faut que je vienne ?... Très vite ?... Ok je comprends, je comprends… » Je parle fort, je veux qu’on entende… « Bon, ne t’inquiète pas j’arrive ! »

Je prends mon air consterné pour discrètement m’approcher de ma copine : « j’ai un petit souci… il faut que j’y aille… on se téléphone ? Je t’expliquerais… je suis désolée, mais là, il faut vraiment que j’y aille…» Je zappe le regard réprobateur de Barbie-C, et déjà je dévale les escaliers, la cours, la rue, ouf ! Il pleut, peut importe. Grandes enjambées sur le trottoir brillant, il faut que je m’éloigne très vite de là…

lundi 7 février 2011

L’autre plombier

L’autre plombier est arrivé avec cinq minutes de retard. Cinq minutes au cours desquelles je me suis demandée s’il viendrait ou pas. Cinq minutes suffisent au doute pour s’immiscer.
L’autre plombier a les cheveux courts (euphémisme, en fait il est copieusement dégarni), il ne porte pas de gants et a le regard brun et franc de l’épagneul breton qui a ramené son faisan sans en faire son quatre heure. Il se souvient parfaitement d’être venu chez nous, limite s’il n’est pas tout content d’y revenir.

Visite de la cave, visite de la salle de bain. C’est marrant, lui, il préfère se brancher sur les évacuations d’eau de la gaine technique, il remarque que le bois de la trappe est gonflé : « vous avez, une fuite quelque part… ». Je lui montre notre deuxième salle de bain à l’étage. Il inspecte la gaine et m’affirme « c’est le joint de la douche » et joignant le geste à la parole, il me montre « voyez, ça vient de là… » En effet, le joint à cet endroit est cuit par sept ans de nettoyage hebdomadaire à la javel pure… « c’est rien ça madame, il suffit de tout bien enlever et d’en remettre du neuf »…

Lui, il me demande mon email (à moi, cela dit, mon mari n’est pas là… ceci expliquant cela…) pour le devis… Me serre la main et s’en va en me disant « à bientôt »



Aujourd’hui, il est quand même à signaler, qu’aucun des deux devis ne nous est parvenu. Celui de l’Autre plombier n’est pas encore trop en retard, dans la mesure où il devait le faire pendant le week end. Le Plombier à Gant par contre n’a toujours rien envoyé à MonMari. À croire qu’il n’est pas pressé de travailler… Pas pressé de gagner de l’argent. Tout comme le jardinier, tiens ! Je n’ai pas dû en parler beaucoup ici… Mais ça remonte déjà à l’an dernier. Le jardinier nous avait proposé un truc formidable pour notre petit jardin. Avec des plantes qui restent vertes toute l’année, peu d’entretien… L’extase. Il est venu une fois, on lui a réglé la moitié du travail. Il devait commander les plantes, on ne l’a jamais revu. Quelques mois après, MonMari l’a rappelé, il a eu du mal à se souvenir de nous. Puis la mémoire lui est revenue, il a dit qu’il commandait les plantes et venait « la semaine prochain »… C’était au mois d’octobre, on ne l’a toujours pas revu. Cette fois-ci, on ne le rappellera pas. Après tout, ce monsieur ne semble pas avoir besoin de travailler… Suivant !

Après, on parle de chômage et précarité… Bref, je vais m’enerver.

Un petit café pour la suite ?

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